
Le complexe Mohammed V : un gouffre financier et des fermetures à répétition revient sur le devant de la scène après la décision de la SONARGES vendredi 10 octobre de fermer temporairement le stade à Casablanca. Cette fermeture s’ajoute à une longue série qui remonte à 2014, laissant un impressionnant bilan d’investissements sans durabilité.
Le complexe Mohammed V : un historique d’investissements massifs sans résultats durables
Depuis 2014, plusieurs opérations de rénovation ont engouffré des sommes colossales :
- En 2014, un partenariat entre le ministère de la Jeunesse et des Sports via le FNDS, le ministère de l’Intérieur, la wilaya, la préfecture d’arrondissements Casa-Anfa, la commune urbaine, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) et Casa Aménagement, avait déjà dépensé 22 milliards de centimes pour moderniser le stade.
- En juillet 2023, la gestion du stade est transférée à la SONARGES, après une convention avec le Conseil de la ville de Casablanca. Le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports débloque 25 milliards de centimes pour mettre à niveau le complexe et ses équipements annexes.
- Au total, 47 milliards de centimes officiellement investis pour des travaux de rénovation, de modernisation, d’équipements. Pourtant, les fermetures perdurent.
- Avec une telle somme ou un peu plus, Casablanca aurait pu s’offrir un nouveau stade flambant neuf, moderne, rentable et durable.
Mais pour cela, il faut rompre avec les logiques de court terme et instaurer une gouvernance transparente, responsable et tournée vers l’avenir.
Le stade d’ »Honor » ferme ses portes au RCA et WAC
Fermetures successives du complexe Mohammed V, clubs pénalisés et résultats mitigés
Impact sur le Raja et le Wydad
À chaque fermeture, les deux géants casablancais sont contraints de s’exiler. Ces déplacements affectent leur performance sportive, épuisent leurs supporters et privent la ville d’importantes recettes économiques et touristiques. Les deux clubs emblématiques de Casablanca, le Raja et le WAC, sont les grands perdants de cette situation. Chaque fermeture affecte :
. La performance sportive
. Le moral des joueurs et des supporters
. Les revenus générés (billetterie, merchandising, sponsoring local)
Complexe Mohammed V : fermeture pour l’entretien de la pelouse
Officiellement, cette fermeture vise à entretenir la pelouse pour qu’elle réponde aux normes CAF et FIFA avant la CAN Maroc 2025. Une pelouse sur laquelle s’est joué une poignée de matchs puisque le stade a repris du service à la fin de mois d’avril dernier sachant que la Botola 2024-2025 s’est terminée au mois de juin et que la nouvelle saison 2025-2026 a repris au mois de septembre et qu’elle est actuellement à sa 4e journée. Voilà donc une pelouse qui a à peine 4 mois de service qu’il faudra déjà entretenir. On ignore si d’autres travaux sont prévus au non. Le constat est amer : les rénovations ne sont pas durables, car les fermetures surviennent peu de temps après l’achèvement des travaux.
Pourquoi le complexe Mohammed V est‐il devenu un gouffre financier ?
Qui garantit la durabilité des rénovations ?
Coût réel vs coût annoncé. Les bilans officiels parlent de milliards de centimes dépensés. Mais quel est le coût du manque à gagner provoqué par les fermetures répétées ? Matchs déplacés, mécontentement des supporters, pertes de recettes ; tout cela pèse lourd. On ne dispose pas d’estimations du manque à gagner occasionnées par les fermetures à répétitions du stade.
Pour éviter ces désagrémments à répétition, il faut mettre en place une stratégie de maintenance à long terme Au lieu de rénovations ponctuelles, il faudrait établir un plan d’entretien annuel, des audits fréquents, garantir un budget dédié à la maintenance. Cela éviterait les fermetures répétées.
Vers l’avenir : quelles solutions ?
Transparence et reddition de comptes : chaque dépense, chaque chantier devrait être suivi, contrôlé et publié. Les clubs, les citoyens ont droit de savoir où va l’argent public.
Le complexe Mohammed V : un gouffre financier et des fermetures à répétition est plus qu’un simple problème d’infrastructure : c’est un symptôme de gestion déficiente. Les centaines de millions investis paraissent avoir été gaspillés, faute de vision stratégique, de coordination et de transparence. Les clubs accusent le coup, les contribuables paient, et le stade, malgré sa grandeur historique, peine à remplir sa fonction. Le moment est venu d’exiger un changement profond, non de simples rustines.
Histoire du complexe Mohammed V
Inauguré le 6 mars 1955 sous le nom «Stade Marcel Cerdan», avec une capacité de 30.000 places, ce complexe prit la dénomination de «Stade d’Honneur» juste une année après l’indépendance, avant qu’il ne soit rénové en 1983 à l’occasion des Jeux méditerranéens pour être appelé «Stade Complexe Mohammed V» avec une capacité de 48.000 places. Actuellement, sa capacité est ramenée à 45.000 places.
Par : Abderrahman Ichi

Le complexe Mohammed V.

Le complexe sportif Mohammed V.
