
CHAN 2024 : les limites d’une coorganisation tripartite. Alors que le CHAN 2024 touche à sa fin, un constat s’impose : la coorganisation tripartite entre le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda, une première voulue par la Confédération Africaine de Football (CAF), aura été autant une expérience audacieuse qu’un casse-tête logistique pour les sélections qui vont loin dans la compétition.
L’idée était noble : partager les coûts, fédérer plusieurs nations et enraciner le football local dans de nouveaux bassins de supporters. Sur ce dernier point, le succès est indéniable. Les stades de Nairobi, Dar es Salam et Kampala ont régulièrement vibré, prouvant l’engouement populaire pour cette compétition de stars locales.
Maroc ou Sénégal : qui ira en finale du CHAN 2024?
CHAN 2024 : les limites d’une coorganisation tripartite : le parcours du Maroc, exemple frappant des limites de cette coorganisation
Mais cette volonté de promotion se heurte aux réalités du terrain. Les Lions de l’Atlas peuvent en témoigner. Vainqueurs en 2018 et 2020 et grands favoris, les hommes de Tarik Sektioui font de la transhumance dans les pays de l’Afrique de l’Est. Le Maroc a entamé son tournoi dans le groupe A à Nairobi (Kenya). Après une phase de poules réussie, l’équipe a dû s’envoler pour Dar es Salam (Tanzanie) pour disputer et remporter son quart de finale face aux Taifa Stars (0-1).
Demi-finalistes, les joueurs marocains s’apprêtent maintenant à prendre un nouveau vol pour Kampala (Ouganda) afin d’affronter le Sénégal. Et l’ironie du sort veut qu’en cas de qualification pour la finale, ils devront reprendre l’avion pour… Nairobi. Soit trois vols internationaux en à peine une dizaine de jours.
CHAN 2024 : les limites d’une coorganisation tripartite : un impact direct sur les organismes de joueurs et sur le travail du terrain
Ces transhumances aériennes constantes ne sont pas sans conséquence. Elles amputent cruellement le temps précieux dédié à la récupération, à l’entraînement tactique et à l’analyse vidéo des adversaires. Le stress des transferts, des formalités douanières et de l’adaptation à de nouveaux hôtels et terrains pèse lourdement sur la condition physique et mentale des joueurs et du staff.
Ce format désavantage cruellement les équipes qui vont loin dans la compétition, les forçant à puiser dans leurs réserves physiques non pas pour le football, mais pour la logistique. On assiste ainsi à un paradoxe où la réussite sportive est punie par un parcours du combattant organisationnel.
Un bilan en demi-teinte et des pistes pour l’avenir
Le bilan de cette innovation est donc mitigé. D’un côté, une affluence record et une ferveur partagée dans trois pays. De l’autre, une remise en question de l’équité sportive et un coût physique alarmant pour les athlètes.
La CAF se doit désormais de trouver un équilibre. Plusieurs pistes pourraient être explorées pour les futures éditions :
- Un hôte unique pour la phase finale : Maintenir une phase de groupes répartie sur plusieurs pays, mais regrouper les quarts de finale, demi-finales et finale dans un seul et même pays.
- Un calendrier adapté : Intégrer des jours de récupération et de transit obligatoires entre les matches lors d’un changement de pays.
CHAN 2024 : les limites d’une coorganisation tripartite. Alors que le Maroc s’apprête à nouveau à voler vers un nouveau stade, une question demeure : jusqu’où peut-on demander aux joueurs de compenser, par leur talent et leur abnégation, les limites d’un format organisationnel ? Le spectacle et l’intégrité sportive devraient toujours primer.
Par : Abderrahman Ichi
La CAF dévoile les nouveaux logo et trophée du CHAN 2024

L’équipe nationale des joueurs locaux est arrivée mardi soir en Tanzanie, en prévision de son quart de finale face à la Tanzanie.

Le Onze national aligné par Tarik Sektioui face à la Tanzanie en quart de finale du CHAN 2024.
