A. El Amri: «Regragui a un problème de la Com depuis la CAN»
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Football

Entretien : « Regragui sous pression : l’analyse tranchée d’Amine El Amri »

Amine El Amri analyse pour Csport.ma les difficultés de communication de Walid Regragui après la CAN 2023. El Amri assure que la Communication du sélectionneur est passée par plusieurs étapes.

Amine El Amri, Chef de Service Sport au 360.ma
Amine El Amri, Chef de Service Sport au 360.ma

Une communication en plusieurs étapes

Csport.ma : Comment décririez-vous l’évolution de la relation entre Walid Regragui et les médias depuis sa prise de fonction en 2022 ?
Amine El Amri : Je dirais que la relation entre Regragui et les médias est passée par plusieurs étapes. À son arrivée, Regragui avait absolument besoin du soutien populaire, et cette « mobilisation générale » autour des Lions de l’Atlas ne pouvait se faire sans l’appui de la presse. Il faut dire aussi que tous les supporters, à l’époque, voyaient en Regragui l’homme de la situation, ce qui s’est confirmé sur le terrain au Qatar.

Par la suite, je pense que la pression est montée d’un cran à l’approche de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire. L’élimination en huitièmes de finale a mis tout le monde devant ses responsabilités. D’un côté, tout n’était pas rose pour Regragui, et les « encouragements » au lendemain du Mondial se sont transformés en critiques et en interrogations. Les mois qui ont suivi ont été très tendus, mais l’accalmie et l’opération séduction de la part de Regragui ont repris lors des récents rassemblements. Cependant, cette fois-ci, avec beaucoup de scepticisme.

Regragui : une communication entre stratégie et réaction

Pensez-vous que Regragui communique de manière stratégique ou réactive face aux critiques médiatiques ?
Je pense que c’est un « mix » des deux. Lors d’une même conférence de presse, Regragui peut passer du discours fédérateur à l’excès de confiance. C’est une stratégie risquée de la part du sélectionneur, qui pourrait facilement se retrouver en première ligne si jamais l’équipe nationale ne remporte pas la CAN.

Une pression médiatique encore mesurée

Y a-t-il, selon vous, une pression médiatique excessive sur le sélectionneur ? Pourquoi ?
Je ne trouve pas que la pression soit excessive directement sur les épaules de Regragui. Je pense qu’il bénéficie encore de beaucoup de soutien auprès des supporters, grâce au « crédit confiance » qu’il a gagné au Qatar. Mais la critique n’est jamais bien loin et, encore une fois, en cas d’échec à la CAN, Regragui passerait littéralement de héros à zéro.

Amine El Amri : « la parole de Regragui est directe, mais clivante »

Les conférences de presse de Regragui sont parfois très directes. Pensez-vous que cela joue en sa faveur ou lui porte préjudice ?
Personnellement, je préfère quand un entraîneur est direct dans sa communication. Mais pour être écouté, il faut avoir de bons arguments. Et dans le football, le principal argument est le succès.

Depuis qu’il a commencé sa carrière, Regragui a brisé beaucoup de tabous dans la communication d’un entraîneur, mais cela fait de lui un personnage clivant. Il sera toujours autant aimé que détesté.

Un soutien populaire qui évolue

Diriez-vous que le soutien populaire au sélectionneur a diminué, augmenté ou s’est transformé depuis la Coupe du Monde 2022 ?
Je dirais que Regragui bénéficie toujours du soutien des Marocains pour ce qu’il a réalisé au Qatar, du moins auprès du grand public. Pour les observateurs, ce soutien s’est transformé en interrogations sur sa capacité à conduire l’équipe nationale à un succès continental.

Mais même s’il a réalisé un exploit inédit, je trouve injuste qu’on exige de lui d’exaucer un rêve vieux de 50 ans, abstraction faite de sa capacité – ou non – à le réaliser.

Passion populaire : moteur ou frein ?

La passion populaire est-elle un moteur ou un frein pour le travail qu’il essaie de mener ?
Les deux. Si Regragui réussit dans son entreprise, je pense qu’il fera partie de la légende du football marocain pour l’éternité, quoi qu’il arrive par la suite (il ne faut pas oublier que la Coupe du Monde 2026 arrive six mois après la CAN).

Je dirais même que Regragui essaye de focaliser la pression sur lui-même pour protéger ses joueurs. Bien évidemment, il est humainement impossible de soutenir une telle pression indéfiniment. Et si ce seuil est atteint avant la CAN – par exemple en ratant la préparation pour le tournoi – Regragui pourrait finir par craquer.

Propos recueillis par Abderrahman Ichi

CAN 2025 : Regragui sous pression, communication et jeu en question

Amine El Amine bref :

Amine El Amri est un journaliste sportif marocain reconnu pour sa couverture approfondie du football national et international. Ancien journaliste au Groupe Le Matin, il s’est distingué par ses analyses pointues et ses reportages sur le terrain. Il a notamment couvert l’épopée des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Actuellement, il occupe le poste de chef de service Sport au 360.ma

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